Intro : On a tous eu des jeux inoubliables, des jeux qui ont marqué d’une empreinte indélébile notre âme d’enfant. Je parle de ces jeux où, même après 20 ans (ou 30 ans), on se souvient de notre « première fois » comme si c’était hier. Ces instants, je vais les partager avec vous avec les émotions et mon ressenti de l’époque dans cette chronique intitulée Souvenir d’un gamer…
Parce qu’on a tous eu des jeux inoubliables…
Il était une fois, lors d’une belle nuit d’été :
Le cerveau est un organe surprenant. Ce chef d’orchestre pour tous les membres et organes du corps humain est capable du meilleur comme du pire. C’est grâce à cette boule de neurones que l’homme a réussi à domestiquer son environnement et est devenu l’espèce dominante sur la planète. C’est grâce à lui que l’homme a conquis les océans, le ciel puis l’espace. Il arrive même que certaines personnes se réveillent d’un coma en parlant d’autres langues (c’est ce que les médecins appellent le syndrome de « l’accent étranger »). C’est dingue !
Mais comme disait un de mes maîtres à penser : « L’intelligence chez l’homme, quoiqu’il en soit pourvu, il a toujours l’impression d’en avoir assez, vu que c’est avec ça qu’il juge ! » – Coluche.
C’est pour cela qu’on a aussi des personnes qui pensent qu’allumer un bâton de dynamite pour jouer avec est également une bonne idée. Hommage encore à celui qui alluma un bâton de TNT pour le lancer sur un lac gelé juste pour voir …. Jusqu’au moment où son chien lui rapporta le bâton.
Me concernant, est-ce que vous vous souvenez de la présentation de Windows 98 ? Celle où, en pleine présentation, le fameux « blue screen » apparaît ?
Ben, mon cerveau, c’est pareil. Tout va bien jusqu’au plantage système, c’est d’ailleurs un tel bordel là-dedans que j’ai l’impression qu’on s’y est mis à plusieurs. – En même temps, j’ai été biberonné aux Grosses Têtes de P. Bouvard, aux Nuls et aux Inconnus. En voiture entre 2 podcasts, j’écoute Rire & Chanson donc même si ça n’excuse en rien, ça peut expliquer certaines choses. – Et c’est toujours dans des moments inattendus qu’il est capable de me sortir un souvenir, une blague ou une autre connerie à sortir sans crier gare « GGGGGGGGGAAAAAAAAAAAARRRREEEEE » – j’avais prévenu.
Tout ça pour dire qu’en plein mois d’août, juste au moment où je commençais à fermer mes yeux, confortablement allongé dans mon lit, mon cerveau de troll me lança cette complainte : « Et tu te souviens de ta découverte de Crazy Taxi ? » « C’était cool, nan ? »
Rien qu’à cette pensée, j’ai vu remonter ce souvenir. Merci pour l’insomnie.
Ce jeu est intimement lié à un souvenir de vacances. Comme déjà cité plusieurs fois dans mes articles précédents, j’allais régulièrement en vacances chez mon cousin. À force de squatter là-bas, je faisais partie des murs et ses amis (es) étaient également devenus les miens. En ce bel été de 2001, ont été un certain nombre à ne pas partir en vacances et, pour passer le temps plus vite, on traînait tous ensemble. Nos journées alternaient généralement entre balades à vélo, quelques courses sur Gran Turismo 2, quelques parties de foot, écoute de musique, soirées teen’s movies et squattage de banc. Des trucs de jeunes de 15 piges en somme, jusqu’au moment où l’un d’entre nous, au détour d’une conversation certainement philosophique sur les seins de Loana ou encore quelle est la meilleure reprise euro dance du moment, lança : « Hey, si on se faisait un barbuc ce soir ? On est 7 avec 20/30 balles par tête, ça peut le faire. On peut squatter derrière l’immeuble, on se fait un stock de pomme de pin et c’est tipar ». Sur un « chiche » collectif, on s’est tous donné rendez-vous 1 h plus tard avec nos deniers.
Une fois la cagnotte réunie, nous partîmes tous en ville pour réunir nos victuailles du soir. On s’était plutôt organisé et réparti les charges entre les chips, les boissons et autres paquets de sucreries dans nos sacs à dos. Il ne restait plus qu’une ultime étape au boucher du « Mutant » local. Celui-ci était situé à côté d’un vidéoclub, donc on a décidé d’un accord commun qu’avant d’aller chercher pour 90 francs de merguez, qu’on aille jeter un œil sur les dernières nouveautés qu’il avait reçues.
Dans ce temple de la VHS (sans canapé), en plus de la partie location de films, il y avait une section achat/vente de JV avec une possibilité de louer des jeux pour le week-end ou pour la semaine. Et posée fièrement sur le comptoir, à côté de la caisse était branchée une TV 33 cm (ce qui équivaut à une TV de 13 pouces – oui, c’est très petit comparé au standard actuel –) avec une Dreamcast & Crazy Taxi en libre accès.
En toute franchise, ce ne sont pas les graphismes futuristes qui nous ont fait nous détourner de notre flânerie d’ados habituelle, mais la musique All I Want de The Offspring qui se dégageait à fond du haut-parleur de la TV, morceau qui trainait sur la majorité de nos CD gravés et autres compiles perso de l’époque. Là, a commencé un petit attroupement à se former. 2, puis 3, 4 et enfin toute la bande était réunie derrière l’écran pour comprendre ce qu’il se passe tout en profitant au maximum de la musique.
On a attendu sagement un créneau pour squatter la console et pour se passer la manette à tour de rôle sur des sessions arcade. C’est fou à quel point ce jeu peut se montrer addictif lorsqu’on le découvre en bande. On s’esclaffait à tour de rôle : « Ho, un Pizza Hut ; et là, tu as vu, un magasin Fila ; ho, faut que je dépose ce gars chez Levi’s ! ! ! ! » Le tout sous fond de rock FM californien survitaminé.
Aujourd’hui, ces franchises font partie du paysage, mais il y a 25 ans, ce n’était pas le cas. On était comme des fous de voir ces marques représentées dans un même jeu vidéo.
Faut se remettre dans le contexte de l’époque : fin 90 début 2000, on était en plein boom de la culture américaine. Les teens movies explosaient les écrans les uns après les autres (Américain Pie, The Faculty, Sex Crimes, Starship Troopers [perso, j’avais un gros béguin pour Denise Richards et son nez en pointe :d]). Le rock californien tourné en boucle sur les ondes FM avec Offspring mais aussi SUM41 (In too deep) ou encore les Red Hot Chili Peppers (Californication). On trouvait sa cool de portée du Rip Curl ou du DDP et on avait quasi tous une veste en jean. On découvrait le virage du numérique avec les appareils photos, les premiers portables et le début de l’internet grand public facile d’accès. C’était une période bénie et pleine d’insouciance pour les gamins qu’on était.
S’il fallait retenir un jeu pour moi qui représente les années 2000, c’est Crazy Taxi. Pour moi, le digne représentant de cette époque où tout était possible, réalisable, j’ai l’impression (toute personnelle) qu’elle a pris fin le 11 septembre où le doute et la méfiance s’est gangréné à notre société.
Bref, pour en revenir au jeu, le principe n’est pas révolutionnaire pour 2 pièces. C’est une simple course au checkpoint. Cependant, là où le jeu tire – pan pan (j’avais prévenu ! ! !) – son épingle du jeu, c’est dans son habillage. Ici, tout est fait pour qu’on ne s’en rende pas compte. Dans Crazy Taxi, on a une réelle sensation de liberté. On choisit ses clients et son itinéraire, on n’est pas dicté par circuit. Libre à nous de choisir entre une course facile par la route ou de couper à travers champs pour gagner de précieuses secondes.
Le gameplay, quant à lui, est à la fois ultra basique et archi complet. Un bouton pour accélérer, un autre pour freiner et un dernier pour enclencher la marche arrière. Cela permet à n’importe quel novice de prendre en main le jeu en moins de 30 secondes. Cependant, gameplay à la SEGA oblige (facile à prendre en main, long à maîtriser), il est possible avec un peu d’entraînement d’effectuer des dashs et des drifts pour gagner du temps et encore plus de pourboire.
Le jeu, en plus de l’arcade et de la version Dreamcast, est sorti en 2002 sur PS2, GameCube et PC. Il a également été réédité sur différents stores et compilations depuis. Cependant, il est TRES IMPORTANT de noter que dans ces rééditions, les musiques d’Offspring ont été remplacées par des musiques plus randoms, le jeu perd une bonne partie de son charme. Si vous souhaitez le découvrir aujourd’hui, je vous conseille de mettre la main sur une version d’époque.
Que vous dire de plus concernant ce hit ? Les modes de jeux sur la galette comme la Crazy Box ? Ils ne servent rien et sont juste chiants.
En résumé, Crazy Taxi est un excellent titre. Certes, vous n’y jouerez pas 35 h de suite, mais c’est un jeu qui se picore. Grâce à sa prise en main immédiate et à sa bande son, c’est un jeu idéal pour des soirées apéro/découvertes rétrogaming ou pour des petits moments de détente. La bande son me fait perdre 20 ans dès les premières notes, c’est génial. J’ai eu de la chance de le découvrir à l’époque et en bande. Le jeu vidéo, c’est quand même meilleur quand ça se partage.