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Souvenirs de Gamer #14 : Une constellation nommée… Ecco

Première publication le 21 juin 2021 sur Sega Legacy

Intro :
On a tous eu des jeux inoubliables, des jeux qui ont marqué d’une empreinte indélébile notre âme d’enfant. Je parle de ces jeux ou même après 20 ans, on se souvient de notre « première fois » comme si c’était hier. Ces instants, je vais les partager avec vous avec les émotions et mon ressenti de l’époque dans cette chronique intitulé souvenir d’un gamer….
Parce qu’on a tous eu des jeux inoubliables…

Il y a des jeux dans l’univers vidéo ludique qui ne laissent personne indifférent. Original, curieux, étrange, inclassable, atypique, hétéroclite ? Difficile de classer dans une case le jeu dont je vais vous narrer mes souvenirs dans un instant. Mais une chose est sûre, rares sont les jeux qui peuvent se targuer d’avoir autant d’adorateurs que de détracteurs (Coucou Altered Beast). Même au sein de l’équipe, l’annonce de cet article n’a pas laissé indifférent.

Si vous êtes a minima intéressés par l’astronomie (ou si vous vous y êtes intéressés plus jeune), vous avez sans doute deviné la constellation sur la vignette de l’article. Pour les autres, la réponse est ici.

Quel est donc le rapport entre cette pléiade d’étoiles et le jeu en question. Le héros se voit représenter cette constellation sur le front et c’est également un digne représentant de cette espèce de mammifère marin.
Vous avez deviné le titre en question ? NON ? Bon allez, un autre indice.

Toujours Pas ? Ha quand même….
Et oui, on va parler d’Ecco ce soir, ce titre de Novotrade sorti chez nous pour Noël 1992 sur la 16 bits de Maître Sega ainsi que sur Master System, Game Gear & Mega CD.

Souvenir marquant :​

Il y a des jeux qui marquent une vie. Me concernant, Ecco m’a fait le même effet qu’un Sonic ou un Street of Rage . Comme les 2 jeux précédemment cité, mes souvenirs sont restés intact malgré le temps qui passe et je me souviens encore absolument de tout. De quand on me l’a offert lors d’une réunion de famille dans le Dunkerquois, à mes grandes heures à parcourir l’Océan.

Je me revois encore du haut de mes 7 ans dans le rayon JV de la grande surface, c’était pour mon anniversaire et j’avais « négocié » avec ma marraine et mon oncle une nouvelle cartouche pour ma Mega Drive en lieu et place des traditionnels vêtements. Dans ma famille c’est simple Anniversaire = Fringues ; Noël = Jouets. Bref, je me revois  tenir la boite de Talespin dans les mains en me disant « cool, un jeu Super Baloo comme dans Disney Club » #teamvieux.

Jusqu’au moment où mon père me la prend des mains pour me l’échanger par celle d’Ecco en me disant que « Tiens regarde, ça vient de sortir, ça sera sans doute plus cool que Super Baloo et en plus on fait une bonne action ». N’ayant jamais joué à Talespin encore aujourd’hui, je ne sais toujours pas si mon père avait finalement eu raison… ou pas…

Donc je me suis laissé convaincre, après tout, les dauphins et autres mammifères marins étaient à la mode à l’époque. On parlait beaucoup du « Théâtre de Poséidon » du parc Astérix ouvert récemment, les documentaires de Jacques-Yves Cousteau passaient régulièrement à la TV ; sans oublier Thalassa le rendez-vous incontournable du vendredi soir pour les amoureux de la mer. Générique fait sur Amiga d’ailleurs d’ailleurs, le meilleur micro-ordinateur du monde (NDLR : ça dépend pour qui LOL).

Il y avait aussi les films comme Abyss de James Cameron ou encore La petite sirène de Disney qui venait de sortir en VHS.  Sortira par la suite Sauvez Willy dont, de mémoire encore, quelques photos du tournage avaient « fuité » dans les magazines jeunesse (journal de Mickey ou Picsou Magazine) à la sortie d’Ecco.
Du haut de mon jeune âge, je trouvais (et je trouve encore) la jaquette super cool avec un magnifique requin en second plan, je me disais que ça enverrait du lourd.

Point presse :​

Ecco n’a pas laissé la presse indifférente, le jeu a fait l’effet d’une vraie vague scélérate. La majorité de la presse spécialisée a encensé le titre à sa sortie mettant en avant (et à raison) l’animation du « petit » mammifère marin, les graphismes, sa musique et bizarrement (avec le recul) sa difficulté. Les notes dépassent les 90% et le jeu marqua tellement son époque que même un bundle Mega Drive fut disponible. Le titre ainsi que sa suite sont régulièrement présents sur les compilations de la console 16 bits de SEGA. D’ailleurs, le titre était souvent conseillé dans les hits à posséder pour les amoureux de la Mega Drive.

Le grand bleu :​

(Très) rares étaient les moments partagés avec mon père devant la console pourtant c’est bien lui qui m’a montré la première fois comment déclencher la tempête, comment finir « Undercaves » et réussir à passer la fameuse pieuvre. C’est lui aussi qui m’a initié aux commandes de notre « Flipper » et comment se servir du petit livret bleu contenant les traductions de ce que nous disent les différents animaux rencontrés.
Après tout, il m’avait forcé la main pour que je choisisse ce jeu donc il devait sans doute se sentir obligé de m’aider dans ma quête.

Concernant ma façon de jouer, j’avoue qu’Ecco a plus souvent bu la tasse qu’autre chose. Même avec de l’entraînement et en connaissant les niveaux, en venir à bout n’est pas une chose facile. Je n’ai même jamais réussi à en voir la fin.

Donc j’utilisais une technique assez particulière pour tenter de découvrir des niveaux cachés ou progresser plus vite. C’est une méthode peu orthodoxe qu’un certain Cyril Drevet, présentateur de « la meilleure émission de jeux vidéo » à l’époque (Televisator2), nous a apprise. Il expliquait qu’il était possible de découvrir des niveaux cachés dans nos jeux favoris via l’écran de mot de passe. Il citait quelques exemples (que j’ai largement oubliés depuis). Donc je tapais des mots de passe au pif dans l’espoir de tomber sur le saint graal et le niveau ultime. Par exemple, j’ai trouvé dans ECCO qu’en tapant « NNNNNNNN » dans l’écran password, on atteint directement le niveau « Welcome to the Machine », level qui me faisait énormément flipper (le dauphin, ouarf!) à l’époque (même encore un peu aujourd’hui) et qui est un des derniers niveaux du jeu. Idem pour « AAAAAAAA » pour Undercaves ;  « NNAANNAA » pour Dark Water ; « AAAANNNN » pour Origin Beach etc…

C’était pour moi devenu une sorte de mini jeu dans le game, avec plus ou moins de réussite mais cela m’a bien aidé dans la progression de certains jeux comme Ecco, Techno Clash ou Jurassic Park. A une époque où l’internet grand public n’existait pas, on ne pouvait que compter sur les copains pendant la récré, les Bibles de soluces et les émissions de TV dédiées qui étaient en vogue à l’époque (nettement plus qu’aujourd’hui).

Si certains y voient dans ces dernières lignes une repompe d’une partie de mon article sur l’évolution des systèmes de sauvegarde dans le jeu vidéo de 2016 c’est normal, cette partie m’a été inspirée par le titre de Novotrade et c’est sur ce soft que j’ai le plus utilisé cette technique de filou.

Cela m’arrivait donc régulièrement de picorer des niveaux aux petits bonheurs la chance au lieu de continuer l’aventure de manière “plus classique”. Cependant, cela ne m’a pas empêché de savourer le titre. J’ai parcouru les différents mondes sans frustrations (enfin moins), découvert des niveaux et fais des rencontres vidéos ludiques que je n’aurais sans doute pas effectuées en essayant de parcourir le titre normalement.

Je garde aussi de très bons souvenirs de la musique composé par Spencer Nilsen et à choisir entre la version Mega Drive ou Mega-CD, je préfère de loin la version cartouche. De plus, l’introduction avec son solo de synthétiseur me fait aujourd’hui penser à ce que fait l’ami Patman dans ses compos / remix que je vous (ré) invite à écouter. Même s’il est vrai que la BO n’est pas une des meilleures de la console, elle colle très bien à l’ambiance des différents niveaux / mondes traversés et les titres Ice-Zone & The Vents sont mes thèmes préférés.
Vous n’écouterez peut-être pas l’OST au casque durant une journée de boulot mais retirer les musiques du jeu, c’est amputer une bonne partie de l’intérêt du titre.

Noyer le poisson :​

Ecco a marqué son temps mais il est également très daté dans son époque. Y rejouer aujourd’hui pour un néophyte qui ne l’a pas connu à l’époque peut s’avérer compliqué et extrêmement frustrant. Le jeu est très difficile et la moindre erreur ne pardonne pas. Chaque seconde est précieuse pour éviter la noyade (pour rappel Ecco n’est pas un poisson mais un mammifère marin) au point que l’on passe la moitié du temps à jouer du sonar pour afficher la carte et trouver des potentielles poches d’air dans l’environnement alentour.

Les ennemis apparaissent à l’infini et c’est CHIANT mais ça aurait pu être gérable. Le plus problématique dans l’histoire, c’est qu’il n’y a pas de frame d’invincibilité lorsqu’on se fait toucher. Vous savez ce petit laps de temps durant lequel notre héros est immortel, ce qui nous permet de nous échapper d’une situation compliquée. Cette absence se fait cruellement sentir dans certains passages de l’aventure, surtout dans des zones étroites et/ou à contre-courant.
Résultat : Notre barre de vie peut rapidement disparaître lorsqu’on veut échapper à un ennemi dans un espace restreint.

La gestion des sauts est parfois hasardeuse, certains passages notamment dans la “Marble Sea” ou “the Library” sont simplement catastrophiques. Passer 10 / 15 minutes pour sauter un obstacle, c’est long et extrêmement frustrant, surtout quand on meurt peu après et qu’on doit recommencer le niveau du début.

Enfin, si vous réussissez à survivre à la noyade, aux ennemis et à la jouabilité approximative, il vous reste encore un ennemi à dompter et c’est sans aucun doute le plus coriace de tous : LE DECOR !!!. Les développeurs ont truffé le jeu de pièges à la con au point que j’ai l’impression qu’il devait avoir un concours en interne pour élire le traquenard le plus sadique du jeu. Je les imagine bien chez Novotrade « Hé Jean Mich, viens voir ma dernière connerie, t’en penses quoi de ça » « je te donne un 7/10 sur l’échelle de super connard» «  Aller je le mets dans le jeu, ça me fait marrer ». « Vas-y, on lance un concours en interne ? » « Allez Go » et c’est comme ça qu’on a eu des piques dans les poches d’air, des pieux le long des passages étroits, des culs-de-sac truffés d’ennemis avec du courant  qui nous pousse et sans doute le plus salop d’entre tous : le scrolling dans les niveaux, “The Tube” et “Welcome to the Machine”. Dans mon dictionnaire personnalisé, à la définition de ragequit, j’ai la jaquette d’Ecco en illustration.

En résumé :​

Ecco avec le poids des années est passé de HIT incontournable de la Mega Drive à jeu médiocre digne d’un épisode de JDG (dont je trouve d’ailleurs la vidéo très drôle quoique, un poil exagéré) Mais c’est oublier son année de sortie 1992 et sa proposition. Proposer un titre totalement différent des standards de l’époque qui tournaient autour des jeux de  plate-forme, de course ou de baston, cartouches qui pullulaient sur les étagères des grandes enseignes de l’époque. C’est ce qui a plu aux journalistes et aux joueurs qui l’ont découvert à l’époque.

De nos jours, nous avons une chance incroyable d’avoir une scène indé qui propose des multitudes de jeux différents mais ce n’était pas le cas à l’époque. Certes, il est loin d’être parfait et certains passages vous feront roter du sang mais juger et cataloguer Ecco uniquement en utilisant les critères actuels, c’est oublier la bouffée d’air frais qu’il a apporté au JV. Je garde de très bons souvenirs (et aussi quelques moins bons), j’ai adoré découvrir les différents mondes, les paysages et la musique. La découverte des fonds marins, la rencontre avec Big Blue, le jeu est magnifique, la musique une curiosité à découvrir et me concernant, je flippe toujours autant quand j’atteins les derniers niveaux avec les xénomorphes et leurs têtes détachables qui nous foncent dessus.
Bref, pour moi ce jeu a une saveur (salée ?) même s’il est loin d’être parfait, ce jeu ne mérite pas d’être considéré comme un mauvais jeu.

Né au milieu des années 80, j'ai grandi avec le Club Dorothée, les Minikeums, M6 Kid et Les consoles SEGA. De mon baptême du jeu sur Altered Beast version Master System jusqu'à aujourd'hui, Sega et moi c'est une grande histoire d'amour. Avec une quantité de souvenirs inoubliables, des crises de rire aux crises de larmes . Ce que j'aime ? Partagez mes souvenirs et mon vécu de joueur. J'espère que vous prenez autant de plaisir à lire mes articles que moi je prends à les écrire. A bientôt j'espère.

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