Première publication le 12 novembre 2015 sur Sega Legacy
Intro : On a tous eu des jeux inoubliables, des jeux qui marqué d’une empreinte indélébile notre âme d’enfant. Je parle de ces jeux ou même après 20 ans, on se souvient de notre « première fois » comme si c’était hier. Ces instants, je vais les partager avec vous avec les émotions et mon ressenti de l’époque dans cette chronique intitulé souvenir d’un gamer….
Parce qu’on a tous eu des jeux inoubliables…..
Bonjour amis (es) amoureux des pixels, de jeux rétro ou des jeux vidéo en générale, aujourd’hui, après vous avoir parlé de jeux que j’affectionne d’amour qui sont Street of Rage et World of Illusion, j’ai envie, pour changer, de vous parler d’un de ces jeux qui m’a laissé un arrière goût de « revenez y pas trop vite ».
On a tous au moins une fois, dans notre jeunesse (ou pas), choisi un jeu pour sa photo sur la jaquette, son titre accrocheur, ses captures promettant des heures et des heures de plaisirs et enfin son descriptif aguicheur (pour ceux qui savaient lire à l’époque). Je ne sais pas pour vous mais pour moi c’était tout un rituel l’achat d’un jeu vidéo dans ma jeunesse. Déjà, cela me permettais de passer un peu de temps privilégié avec mon père car c’était avec lui que j’allais acheter mes jeux dans la petite ville d’à coté chez un petit revendeur spécialisé (ville de EU) ou dans de rare cas en grande surface (MAMMOUTH Mers-les-bains) où les jeux étaient exposés dans des vitrines hyper éclairées qui attiraient tous les gosses de passage avec leurs parents [tandis que d’autres faisaient 20 km en vélo pour aller chez Conforama exclusivement pour user les bornes de présentation n’est-ce pas SebKa ?]. Là, on choisissait soigneusement son exemplaire et on le gardait soigneusement dans nos mains jusqu’au passage en caisse telle Gollum avec son préciiiieux. Sur le trajet du retour, je contemplais la jaquette sous tous ses angles, en relisant et inspectant le moindre détail des screenshots au point de finir avec un mal de crâne où je feuilletais le bouquin en bleu et blanc. Pourquoi Bleu et blanc ? Aucune idée.
Puis, une fois de retour à la maison et la cartouche précieusement insérée dans notre petite console adorée, le drame. Après quelques minutes, on s’aperçoit qu’on est devant un titre dénué d’intérêt, pas à notre goût du tout et qui ferait paraître Dark Castle ou Ultraman comme un chef d’œuvre vidéo ludique ; la frustration ultime. Donc on court, on se rue tel un cheval au galop vers ses parents en les suppliant de nous ramener au magasin pour un échange mais la phrase était toujours la même : « C’est ni repris, ni échangé après ouverture ; tu n’avais qu’à faire attention ». Entre 250 et 400 balles l’erreur, je peux vous assurer qu’on ne l’a fait qu’une fois ou deux.
C’est ce qui m’est arrivé avec le jeu dont je vais parler aujourd’hui, M1 Abrams Battle Tank.

M1 Abrams Battle Tank est un jeu de simulation de char d’Electronic Arts dans lequel le joueur incarne le tireur et le conducteur d’un blindé, le fameux M1 Abrams Américain. Le tout dans un environnement 3D polygonale non texturé. Pour l’histoire, vous conduisez un tank en Allemagne de l’Ouest afin de protéger le pays d’une invasion soviétique (Normal, dans les années 80 jusqu’au milieu des années 90, les Russes sont les « méchants » dans 90% des films ou jeux vidéos américains, guerre froide oblige.)
Ce jeu, je l’ai parcouru, j’y ai joué des heures en me disant que je tomberai forcément sur un truc cool à un moment ou un autre mais je n’ai jamais compris quels étaient les objectifs de missions ni les endroits ils étaient situé (Je reviendrais sur ce point un peu plus tard). Je lui ai donné plusieurs fois sa chance, passant parfois des mercredis complets dessus à essayer de comprendre toutes les subtilités du soft avant que finalement, sa boite finisse couverte de poussière sur mon étagère. Plusieurs fois je me suis dit, je ne suis pas si con que ça, j’ai du louper un truc, ce n’est pas possible. Mais non, ce jeu n’est juste vraiment mais vraiment pas ma came.
Commençons par l’intro avec sa douce musique à vous crever un tympan. Par chance, il n’y a que deux musiques dans le jeu, celle de l’intro/briefing et celle du Game Over nettement plus agréable à l’oreille car elle annoncera la fin de votre supplice. Dans cette intro, il est également possible d’en apprendre un peu plus sur ce mastodonte blindé. Avec Crew, la position de l’équipage ; avec Ammo, le type de munitions embarquées (Ax ; Heart ; Sabot) et Armament sur les moyens d’attaque et de défense (canon, mitrailleuse et fumigène).



Le menu principal nous propose soit le mode One Scénario qui consiste à jouer une des huit missions au choix avec possibilité de régler la difficulté. Si vous êtes masochiste, vous pouvez opter pour la mission de nuit en mode Infrarouge. On se croirait alors dans un jeu Virtual Boy. Le mode Campaign quant à lui, consiste à enchainer les huit missions à la suite. Honnêtement, n’ayant jamais passé la première, je ne sais aucunement comment est gérée la transition de l’une à l’autre.
Pour le briefing on a droit au stéréotype typique du général d’armée pro-Américain de l’époque. Drapeau Américain, portrait de W. Bush (père) et le gradé a la même tête que Gerard Jugnot dans Pinot simple flic.

A peine le temps de faire le plein de munition de notre monture d’un jour et nous voilà partis. Commençons par parler des commandes. La flèche du haut permet d’avancer, chaque appuie ou martiens de la touche remplis la barre de vitesse. Une fois relâchée, le char continuera d’avancé tout seul. Pour ralentir ou reculer, on utilise la flèche du bas. Pour tourner, même principe le tank tournera à droite ou gauche en permanence tant que vous n’aurez pas donné de contre ordre. La touche A, quand a elle, permet de tirer, la touche B de verrouiller une cible et la touche C d’ouvrir/sélectionner/fermer le menu.

Dans ce menu, on peut sélectionner 4 types de vue, une vue avec la carte de mission (Commander), une vue tourelle (Copula), la vue du pilote (driver) et la vue du tireur (Gunner). On peut sélectionner de piloter soit la motrice ou uniquement sa tourelle, le choix du type de munitions (Ax ; Heart ; Sabot et mitrailleuse). Et pour finir les fumigènes, le mode Infrarouge et la radio. Le zoom permet de grossir jusqu’à 8x sont champs de vision.
Graphiquement, je ne l’attaquerai pas, le jeu est sortie en 1991 sur la console de salon. Je dirai juste que je trouve les décors un peu vides mais c’est un environnement 3D sur une machine 16 bits, une prouesse (peut-être) pour l’époque ?.
Maintenant, parlons de ce qui a traumatisé ma jeunesse. Accrochez vous, la liste est longue. Commençons par les commandes. Comme dit plus haut, pour avancer/reculer il faut appuyer ou maintenir sur la croix. Plus on appuie plus on avance/recule et une fois relâché le tank avance tout seul en mode automatique. Pour tourner, c’est le même principe ; plus on maintient la touche droite ou gauche, plus on tourne vite. Le hic, c’est qu’une fois la touche relâchée, le char continu à tournoyer sur lui-même comme une toupie. Il faut maintenir la touche opposée pour ralentir et stopper sa vrille. Un coup trop à gauche, un coup trop à droite et repart dans l’autre sens. Prendre un virage est un vrai challenge, j’en ai passé des heures à slalomer pour aller en ligne droite au point d’en chopper des cloques au pouce. Il est aussi quasi impossible de tirer sur un ennemi sans désaligner la tourelle, vue qu’’on ne l’a jamais pile dans notre viseur à cause de ce flottement dans la direction. C’est comme si dans une fête foraine, on tirait à la carabine avec Parkinson, on en vient à tirer à l’a peut prêt en croisant les doigts. Même avec le verrouillage de cible, c’est loin d’être facile. En fonction de la vrille du char, l’ennemi est visible à peine une demi-seconde, même un QTE s’affiche plus longtemps à l’écran et si par chance on arrive à le verrouiller, la tourelle restera fixe sur l’ennemi mais la motrice continuera sa course sans qu’on est la maitrise celle ci. Mais ce défaut n’est rien comparé à celui qui va suivre.
Regarder attentivement la carte de gauche, celle de la vue Commander.

Vous ne remarquez rien de spécial ??? Pour info, le point blanc c’est le tank. Maintenant regardez la carte de droite issue du jeu Desert Strike (Megadrive). Vous avez trouvé ? OUI c’est ça !!! Il n’y a rien, le réel problème de ce jeu c’est l’absence totale d’indications. Comment atteindre un objectif comme détruire un convoi ou une base ennemie si on ne sait pas où elle est. Comment recharger notre engin en munitions et carburant si on ne sait pas où est située notre base ou les éventuelles bases alliées ? A croire que les cartes aériennes n’ont jamais existé. On peut sois disant allée partout comme crapahuter les collines pour prendre l’ennemi à revers mais si la pente ou la descente est trop abrupte, on a droit en pleine ascension à un jolie message et bruitage nous disant qu’il faut rebrousser chemin. On reperd alors encore 5 minutes le temps de se repérer dans ce joli décor vide et trouver une direction qui ne fait pas buggé le tank. Le moindre arbre sera aussi votre ennemi et stoppera net la progression de vos « 63 tonnes de matériel en furie ». Ce n’est pas moi qui le dit, c’est écrit blanc sur noir sur la jaquette. Résultat, on erre sans but en espérant tomber sur quelques choses d’intéressant à détruire en ne sachant pas si c’est notre objectif ou non. On s’ennuie, on tourne en rond, on galère, on patiente comme si on était sur le répondeur automatique de la sécurité social. C’est là que la comparaison avec Dark Castle ou Ultraman prend tous son sens, car même si ces jeux sont mauvais (très), dans ces jeux le joueur joue tout le temps. Il n’est pas délaissé contrairement à M1 Abrams Battle Tank. Pire, il ne meurt pas frustré après 5 minutes de combat à cause une horde d’ennemis impossible à viser comme si on avait 3 grammes d’alcool dans chaque œil.
D’ailleurs en parlant en de l’armement, premièrement, laissez tomber la mitrailleuse. Elle est présente uniquement pour la déco. Je n’ai jamais réussi à détruire un truc avec cette arme. Les 3 types de munitions proposées joliment présenté dans l’intro (Ax ; Heart ; Sabot) ont le tous même impact sur les tanks adverses, il n’y en a pas une plus efficace que l’autre. De plus, le temps de rechargement entre chaque tir est de 4 secondes, idem quand on change de type de munition, faut re-patienter 4 secondes. Finalement, on tire toujours avec le même type d’obus jusqu’à temps de tomber à court de projectiles.

Autre chose aussi qui vous fera pester façon Gilles de la Tourette, la gestion des dégâts. A chaque coup reçu, notre monture est endommagée. Les dommages sont représentés sur le char par un code couleur visible. Blanc, aucun dégât ; Jaune dégâts légers et Rouge fortement endommagé. On pourrait se dire que c’est cool, c’est pour renforcer l’immersion du soft, donné un effet simulation chouette. Mais quand vous aurez votre canon endommagé, rendant impossible son utilisation, la tourelle bloquée sur un coté ou en arrière (dans les meilleurs cas), rendant impossible toute manœuvre. Le système de visé détruit vous rendra aveugle. A noter que de toutes les vues proposées (Commander, Copula, Driver, Gunner), seule la Gunner est jouable. Vous vous sentirez comme un lièvre lors d’une battue le jour de l’ouverture de la chasse. J’en passe et des meilleurs, mon combo ultime : Moteur HS, tourelle bloquée en mode toupies à droite et canon endommagé. On se sent alors comme dans un stand de tir, mais la cible c’est nous. On se voit alors mourir de façon lente, les organes du char s’endommageant les uns après les autres jusqu’au GAME OVER de délivrance. Croyez moi, vous allez la haïr cette gestion des dégâts.
Ne comptez pas si l’environnement sonore pour égayer votre partie, je trouve les bruitages immondes.
M1 Abrams Battle Tank est sans aucun doute un des pires jeux auquel j’ai joué durant mon enfance. Si aujourd’hui j’offrirai ce jeu a ma fille, elle aurait de quoi porter plainte pour mauvais traitement. Dommage car ce jeu est un des très rare jeux de tank sur console 16 bits et avec un peu plus de soin apporté sur la jouabilité et la lecture de carte, ce titre aurait pu être un excellent jeu au lieu d’être une bouilli infâme. J’ai appris cependant une chose après l’achat de ce jeu, NE JAMAIS SE FIER A UNE BELLE JAQUETTE. Sur ceux, je vous quitte, je vais prendre un antidépresseur et faire une thérapie chez un psy.

Cadeau : Une mission ayant un peu de relief et d’action (liens ci-dessous), attention les yeux.